
Arkose dresse son premier bilan de la négociation de 2022 à l’échéance de la date du 1er mars.
Egalim 2 et ses effets indésirables
Les détracteurs de la Loi Egalim 2 vont pouvoir évoquer ses points négatifs à travers au moins 4 effets notables dans la négociation qui vient de se clore :
- Le temps de la négociation a été considérablement réduit par celui consacré aux données et choix techniques contraints par Egalim (décryptage des options, analyses produits…), et à la dramatisation du respect de la signature au 1er mars.
- Encore une fois, la grande distribution a ainsi pu réduire le territoire de la négociation en la limitant au prix convenu. Elle n’aborde toujours pas le cadre général de l’équilibre du plan d’affaires. Le transfert de charges et donc le gain de valeur que la distribution s’octroie en imposant au fournisseur ses conditions d’achat. Peu de discussion réelle s’opère sur la recherche de contreparties, l’achat de data restant encore maigre.
- Il ne peut pas être établi de statistiques fiables prouvant que le fournisseur a eu droit à une négociation « normale » ou non. Mais il est flagrant que l’esprit de la Loi n’a pas été respecté dans de nombreux cas :
- La demande de déflation en alimentaire, calculée sur la HMP totale et non sur la partie hors matières premières.
- Les pseudo contreparties, très souvent déjà acquises, dont les prix se sont envolés sans explications réelles.
- Le manque de disponibilité des acheteurs, visiblement débordés par leur agenda.
- Les PME aussi challengées sur les demandes de déflation que les autres entreprises.
- Le non alimentaire devient la variable d’ajustement de l’alimentaire que la grande distribution a désigné (en oubliant de rappeler que le SRP lui garantit une rentabilité forcée de 10%) au risque de tomber dans une négociation délibérément déséquilibrée pour les industriels de ce secteur dans ce contexte, sans paraitre impressionnée par la peur de la sanction administrative ou civile.
Cependant, 3 signaux positifs sont en progrès pour une négociation moins émotionnelle.
- La prise en compte des intrants, devient une épine sérieuse dans la technique habituelle de négociation des centrales. Les acheteurs ont du mal à nier cette contrainte que portent les industriels.
- L’interprétation que le distributeur s’était arrogée sur les pénalités s’érode avec l’effacement de la clause pénale sur cette question.
- La mise en lumière du déroulement des négociations permet de rendre compte de la brutalité des négociations franco-françaises. La grande distribution ne va pas en sortir grandie aux yeux de la société civile.
La première étape de la négociation vient de se clore, pour beaucoup de fournisseurs, au 1er mars. Préparez-vous dans les prochaines semaines à la future négociation 2023 qui va débuter dès le 2 mars 2022. Nous serons bien sûr à vos côtés pour vous accompagner.
Olivier Lauriol & Laurent Dubois